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Jack Larsen & The Phlegmatic Ugly Ponies
25 février 2011

L'air conditionné

J’me lève la gueule enfarinée, hier soir j’ai du trop picoler. J’ai descendu les picons-bière en même temps que je montais dans l’estime de mes pairs. Pour faire le malin, j’ai lâché deux ou trois vannes sur mon vieux chien. J’aurais mieux fait de lâcher autre chose, ça aurait fait du bruit, mais ça m’aurait évité une certaine aérophagie.

Mais j’m’en fout, j’ai l’air conditionné.

Après mon café, j’embrasse ma femme et mes enfants, mais je pense à celle qui m’attend. Ma bagnole démarre immédiatement, j’ai bien fait d’acheter allemand. Je passe chez ma maîtresse, j’ai besoin de tendresse. ¼ d’heure douche comprise, cette fille est conquise. Elle s’amusera de ma maturité ou peut-être qu’elle pleurera de sa naïveté.

Mais j’m’en fout, j’ai l’air conditionné.

La réunion dure des plombes, et je garde l’air sérieux d’une tombe. Pour me donner une constance, j’essaye d’emballer l’assistance. Ces cons ne savent pas quoi dire, et prennent des pauses de martyrs. Face à ces blaireaux que je tance, j’ai de l’importance. Je suis Dieu tout-puissant dans cette salle à l’atmosphère cuisant.

Mais j’m’en fout, j’ai l’air conditionné.

Je passe la journée à donner des tâches à exécuter, à établir des retro-plannings dont je me fout qu’ils soient respectés. Je fais des conférences téléphoniques aux circonférences anachroniques. J’assiste à la danse de ces individus vidés de leur substance. Je chorégraphie ce ballet incessant de silhouettes mornes, mirage aux alouettes monotone. Au milieu de ce lac des cygnes insignifiant, on me décerne des insignes importants.

Mais j’m’en fout, j’ai l’air conditionné.

Quand je rentre chez moi, je caresse le labrador couché sous sa niche, et mettre les pieds sous la table en bon patriarche. Les enfants me racontent leur journée d’école, ma femme me parle du papier peint qui se décolle. Je répond distraitement, ma famille s’ennuie discrètement. L’ambiance est aussi froide que le rôti est raide.

Mais j’m’en fout, j’ai l’air conditionné.

Je regarde mon chien qui implore de le laisser rentrer. A moins que, blotti contre la porte-fenêtre, il ne se moque de tout ce paraître. Qu’à l’air conditionné il ne préfère l’air à respirer. Peut-être même qu’il s’en fout, en matière d’air con, il a un maître étalon.

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Commentaires
J
@ Ash => Très bien vu ;-) (ca m'était pas venu, mais t'es pile dedans) La bise m'sieur!<br /> @ Homéo => Pas mieux :-)
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H
celui-ci aussi....
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A
A moins qu'il ne soit chien d'aveugle?<br /> La bise Jack
Répondre
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