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Jack Larsen & The Phlegmatic Ugly Ponies
17 janvier 2008

7ème arthrose sociale

Ayé, je me suis décidé à l’écrire ce foutu article ! Alors là, vous êtes impatients comme tout, plus rien autour de vous n’existe, absorbés que vous êtes par cet article tant attendu. Attention, c'est long passionnant.


Cinéma social
, vous ais-je donc promis. Soit. Certains d’entre vous se disent "qu’est-ce que je fout là, je cherchais les résultats du foot ?!", d’autres "OK, il va nous faire un laïus sur Ken Loach, ça va, on connaît". Eh ben pas du tout, non que j’aime pas Ken Loach et son travail, mais c’est un parti-pris de pas l’évoquer, c’est comme ça. Allez, juste pour me faire mentir, deux films que j’ai vu de lui, c’est "Raining stones" et "Sweet sixteen" (très bons d’ailleurs). Et puis "Le vent se lève", mais c’est hors contexte ici. Voilà, Ken Loach, c’est fait.

Donc, disais-je, cinéma social. L’autre jour (ben oui, du coup, comme j’ai attendu, c’était pas hier), je suis allé voir "La question humaine" de Nicolas Klotz. "N’y allez pas, c’est une merde!", comme dirait l’autre. Non, je suis trop rapide dans mon jugement. Mais quand même!

Le_roi_de_gr_ve

Ouh, il fait peur le monsieur!


"La question humaine" est tiré du bouquin éponyme de François Emmanuel (que j’ai pas lu, faut être honnête). C’est globalement l’histoire d’un psychologue d’entreprise qui a participé à une restructuration d’entreprise (ouh le méchant!) et qui s’humanise au cours du film en découvrant des documents techniques sur les camions à gaz de la seconde guerre mondiale. Si le parallèle paraît osé voire malsain, en réalité l’amalgame n’est pas possible, parce que le film n’est pas un film sur la Shoah et n’en a pas la prétention. Si le parallèle est fait, c’est surtout pour montrer que l’esprit qui habite les « bons petits soldats » de la Shoah et du capitalisme (pour aller vite) n’est pas très différent, et aussi pour dire que le langage utilisé se technicise, les uns parlant par exemple « d’unités », les autres de « masse ».

Au niveau du film en lui-même, il est trop long à mon sens (2h30 d’errances neurasthéniques). Si le film est pesant et poignant par moments, et les acteurs (Amalric, Lonsdale) aussi bons qu’ils puissent l’être (le visage blême et figé d’Amalric donne un certaine force au personnage),  le ton monocorde permanent, la linéarité du récit, certaines scènes artificielles et/ou creuses comblées par des dialogues ineptes ou encore des plans (voire des scènes) inutiles finissent par le rendre pénible. En revanche, la BO est plutôt agréable, composée par Syd Matters (quand même).

Pour couronner le tout, il y avait une rencontre avec le réalisateur à la fin de la projection (donc au bout de 2h30 de film parfois soporifique si vous avez suivi). Et là, apothéose de paroles vaines, un spectateur emballé (sans doute le seul en France) qui explique le film à son réalisateur (et aux spectateurs qui viennent de le voir, prends-nous pour des cons), un débat stérile et incongru sur le traitement de la Shoah dans le film (alors que c’était pas le sujet principal du film, je le rappelle), et des explications du réalisateur à la limite de l’onanisme intellectuel.

L’adaptation au cinéma d’un livre est un exercice difficile, en l’occurrence il n’était peut-être pas nécessaire.

J’ai été d’autant plus déçu que j’avais vu la veille "Le couperet" de Costa-Gavras, qui transforme en or tout ce qu’il réalise et réussi ici un thriller poignant, tendu, sombre et avec un José Garcia époustouflant de noirceur. Et puis, dans des films plus "conventionnels" sur le côté ambivalent de la participation à une restructuration il existait déjà "Violence des échanges en milieu tempéré" assez bon film, mais lui-même décevant au regard de "Ressources humaines", première apparition de Jalil Lespert (un jour, je ferai un post sur cet acteur/réalisateur fascinant), et film juste, sobre, émouvant, réaliste, sur un jeune homme déchiré entre son histoire familiale et son ambition professionnelle.

Voilà, comme ça vous pourrez plus dire que j’l’ai pas fait cet article! Et pour en remettre une couche, ce soir, je vais voir "Fils de LIP", un film réalisé par un mec né pendant le conflit social de 73 chez LIP (pour l’histoire, allez voir ici, parce que j’ai la flemme de vous faire un résumé du conflit qui s’étale sur 10 ans) et semble avoir une vision différente des choses par rapport aux personnes (ses parents entre autres) qui ont participé à cette lutte, précurseurs de l’autogestion, interrogés dans le très bon documentaire "Les LIP, l’imagination au pouvoir".

Ca vous suffit ou vous voulez qu’on développe sur les films traitant de l’autogestion avec le film "The take" ? OK, j’arrête, l’heure est finie, vous pouvez partir.

Dans ton Haïku au fond à droite :

Une multitude d’images

Des hommes en perdition

La critique est complexe

La prochaine fois, une étude sur les différents cons (ou pas). Bécots!

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