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Jack Larsen & The Phlegmatic Ugly Ponies
15 avril 2015

Les petites roulettes rusent

yep!

Aujourd'hui, un post avec juste ce qu'il faut de nostalgie, et beaucoup de sincère gratitude.

D’aussi loin que mes mollets se souviennent, j’ai toujours fait du vélo (je te passe les chutes probables quand on m’a enlevé les petites roulettes stabilisatrices, et celles dont je me souviens, notamment par trop d’attention à mon dérailleur et pas assez à ce fourbe de mur en pierres qui a soudain surgi devant moi, me valant une belle balafre à l’auriculaire droit)(et quelques autres, toutes aussi douloureuses que formatrices).

D’aussi loin que je me souvienne, je suis venu au vélo par mon père (j’apprendrai plus tard par ma mère qu’on dit « à vélo » et non pas « en vélo »), mais pas uniquement. Des gens qui voulu transmettre, simplement.

Il s’agit bien ici de transmission (et pas uniquement au plan mécanique vélocipédique).

Je me suis retrouvé ce tantôt embringué dans l’organisation d’une manifestation cyclo tout-terrain lors de laquelle j’ai fait mes premières armes cyclistes il y a plus de 15 ans de ça. Embringué étant un bien grand mot, la transmission ayant suffisamment joué pour que j’y trouve allègrement mon compte…

Ce dimanche matin-là, à un horaire bien trop matinal pour quelque honnête flemmard dont je fais partie, nous nous retrouvons, quelques couillons, à nous répartir des tâches sur un terrain de jeu que nous connaissons sur le bout des pneus. Déjà monte en moi une certaine nostalgie, celle de ces visages qui ont forgé ma jeunesse, des visages que j’ai côtoyé enfant, jusqu’à ce que je quitte, logiquement, le giron familial et villageois.

La journée est occupée à l’organisation et la gestion de cette cyclo-sportive à laquelle j’ai participé longtemps, puis plus du tout quand j'ai quitté le village. Elle se déroule dans une ambiance connue, sans formalisme quelconque, avec un entrain et une bonne humeur qui font chaud au cœur.

Et j’y (re)découvre ces visages, qui masquent de vraies personnes. Ce débonnaire qui est fidèle depuis plus de 20 ans au ravito, avec cette attention toute particulière à ce que tout le monde trouve sa place. Cette dame, à qui je dois en partie mon amour des lettres, avec qui nous évoquons « Un sac de billes » comme si j’étais encore son élève de CE1, avec tout le respect et la complicité qui nous a unis. Celui-ci, avec qui nous passons outre le fait que j’aie beaucoup fréquenté son jardin à jouer au foot avec son fils. Cette autre, qui me demande lequel je suis dans la fratrie, qui me parle comme à l’enfant que je suis encore, peut nous importe, seul reste le plaisir de se revoir. Ce désormais vieux monsieur, accueilli en fanfare, qui a été à l’origine de l’événement, et qui a sans doute permis que quelque chose perdure ici. Cet autre encore, qui prend bien garde à ce que je roule quand même malgré l’anxiété qui l’étreint au moment présent et qui me propose naturellement de pédaler ensemble prochainement. Tous ces gens (et tant d'autres, tellement nombreux) ont fait remonter en moi une fragrance de jeunesse. Mes mollets griffés par les ronces ont le piquant de l’enfance.

Ces petits défauts, cette maladresse, ces non-dits, ces habitudes pesantes, mais aussi et surtout cette attention permanente à l’autre, à laquelle j’avais fini par ne plus prêter attention, tout occupé à vivre une autre vie …

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai aimé, puis souffert, puis de nouveau aimé le vélo. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai eu le même rapport à ces gens, à ce village, trop longtemps arpenté. Les années ont passé, j’ai fini par mettre de côté cette période de ma vie, sans vraiment me rendre compte que ce c’est tout ça qui m’a mit le pied au cale-pied. Il aura suffit d’un week-end pour me rappeler que tous ces gens-là on été formateurs de la simplicité dont je me revendique désormais. Et de bien d’autre choses…

Merci à eux.

Je roule sans roulettes, mais je les garde dans un coin de ma tête, au cas où.

(bon d'accord, y'avait peut-être un peu de sentimentalisme excessif)

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Commentaires
S
Cela fait longtemps que je n'étais pas passée par ici. Du coup, j'avais de la lecture en retard, forcément.<br /> <br /> Quel beau billet tu as écrit là, Jack ! C'est touchant et cela résonne en moi (qui pourtant déteste le vélo ;-))<br /> <br /> "Je roule sans roulettes, mais je les garde dans un coin de ma tête, au cas où."<br /> <br /> Pas mieux.
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