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Jack Larsen & The Phlegmatic Ugly Ponies
5 octobre 2009

Les forcenés de la route

Yep!
Aujourd'hui, un post avec des chaînes, des combinaisons moulantes, des coups des fouet, une partie fine à plusieurs, un grand chauve, de la douleur mais aussi beaucoup de plaisir. Où l'on constate que Jack est un peu maso.


Il ira cracher sur nos tombes...
Paroles et musique de Boris Vian, oui m'sieurs-dames!

Ce week-end, on avait programmé, toujours avec les mêmes, de réitérer l'ascension du Mont Ventoux par Malaucène. D'une part parceque c'est quand même vachement joli comme coin, et d'autre part par esprit de revanche pour celui qu'on avait laissé sur le bord de la route la dernière fois. Alors je vais pas te refaire le récit de cette grimpette, t'as qu'à être plus attentif quand tu me lis. J'peux te dire que c'était encore bien difficile. Sauf que cette fois-ci, on est tous arrivés au bout après en avoir un peu chié, très grosse satisfaction collective.

Et puis comme le Ventoux a trois versants par lesquels on peut le gravir, que l'on en avait fait que deux, et que dans un week-end, il y a deux jours qu'il faut bien occuper (et comme on est un peu cons aussi, faut bien le dire), à ton avis, qu'est-ce qu'on a décidé?

Ben oui, de se faire la doublette, et de lèguer notre corps à la science parachever notre oeuvre, avec l'ascension par Bédoin, la plus dure, celle empruntée par le Tour de France, la montée de malade mental, la mythique. On était que deux à vouloir la tenter, notre troisième comparse, plus sage, nous ayant gratifié d'un "vous êtes vraiment malades, c'est un mur, vous allez morfler". Ce à quoi l'alcool l'enthousiasme nous a fait répondre avec conviction "même pas peur". Bon, là, je te cacherai pas qu'après avoir fait les malins, en vrai, on se chiait un peu dessus. Parceque le profil ne laissait aucune chance à l'approximation physique (si tu veux voir à quoi ça ressemble, tu vas voir par là). Et que comme les sportifs confirmés que l'on est, notre entraînement jusque là avait consisté en un apéro quotidien, et 10 clopes par jour pour moi... Bref, une préparation de ouineurs quoi!

Mais j't'ai promis des trucs un peu exitants. Alors voila.
D'abord, la combinaison moulante, un piège à gonzesses (parceque, comme dirait l'autre, "à bicyclette, même dans l'adversité, il faut savoir rester élégant").

et_un_forcat_un_

 

Les chaînes, bien tendues, qui nous ont permis de grimper au septième ciel.

une_chaine_maille_art

Les coups de fouets, d'après ce qu'on a retrouvé sur le bord de la route, certains en redemandaient.

Tiens__prends_ca_

 

Notre poussette à nous, c'était plutôt ça. Chacun son vice.

Mise_en_bi_re

De la souffrance, y'en a eu. Pendant 15 bornes. Et j'peux te dire qu'on a pas fait semblant de morfler. A tel point que même les blagues pourries, à un moment, on a arrêté. Parcequ'on peut pas pleurer et rigoler en même temps. Et pis pour faire des blagues, encore faudrait-il pouvoir desserer la mâchoire...

Mais des plaisirs aussi y'en a eu. Celui de passer le dernier lacet de concert. Celui de donner l'accolade à son compagnon d'infortune. Celui, très simple, de déguster une canette hors de prix mais salvatrice, comme si on buvait le sang de la terre. Celui d'avoir accompli une réelle performance. Celui, un peu mégalo, d'entrer dans le club de ceux qui ont gravi le Ventoux par toutes les faces possibles. Celui, surtout, d'avoir réussi notre défi un peu fou. Celui, et pas des moindres, d'avoir enfin eu la peau de ce caillou sans qu'il ai eu la nôtre.

Mais là, je te fait une description un peu brouillonne de cette ascension. Alors je vais laisser la parole à quelqu'un qui savait écrire. Albert Londres, qui a suivi le Tour de France en 1924, relate de manière sublime dans Les forçats de la route l'effort fourni par des grimpeurs:

"Quand ils les gravissaient, ils ne semblaient plus appuyer sur les pédales, mais déraciner de gros arbres. Ils tiraient de toutes leurs forces quelque chose d’invisible, caché au fond du sol, mais la chose ne venait jamais. Ils faisaient : « Hein ! Hein ! » comme les boulangers la nuit devant leur pétrin. 

 

Je ne leur parlais pas, je les connais tous,  mais ils ne m’auraient pas répondu. Quand leur regard rencontrait le mien, cela me rappelait celui d’un chien que j’avais et qui, avant de mourir, en appelait à moi de sa peine profonde d’être obligé de quitter la terre. Puis ils baissaient de nouveau les yeux et s’en allaient, courbés sur leur guidon, fixant la route, comme pour savoir si les gouttes d’eau dont ils la semaient étaient de la sueur ou des larmes.

 

 

 

Ce spectacle se nomme une partie de plaisir. Ainsi en ont décidé les journaux de la région."

 

 

 

Alors si tu veux faire une bonne action, d'une tu nous félicite (je transmettrai)(et n'hésite pas à user des superlatifs), et de deux, tu achètes (et lis) ce bijoux de journalisme:

 

forcats

Des gros bécots à Grand Schrops et à Papa Schrops pour cette épopée, et à Maman Schrops pour l'assistance technique.

Des bécots à toi aussi, je vois que t'es jaloux.

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
F
sont fous ces chrétiens !
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B
Faut vraiment etre un grand malade...<br /> Sportif!<br /> ;-p
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J
Merci Lem, mais une fois suffisait, sais-tu?<br /> Gaston, c'est une private joke familiale que j'aimerais garder familiale.
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G
Why shrops ? C'est le bruit d'une bière dont on aspire la mousse ?
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L
Félicitations mon brave !
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